Plusieurs semaines se sont déjà écoulées depuis le départ de Cannes. En ce qui me concerne, je n'y aurais passé que 5 jours mais ai pu y découvrir près de la moitié de la sélection officielle et le film de Xavier Dolan que j'attendais grandement. Et surtout y retrouver cette frénésie si envoûtante et presque indescriptible...
Après 5 jours de vie au rythme du festival (on ne se rend pas compte à quel point c'est épuisant), quitter Cannes en pleine action et suivre les aventures de mes acolytes sur le blog fut une épreuve plus difficile que prévue. On dit souvent que l'on doit redescendre des "étoiles" vers la vraie vie après le festival. A posteriori, je mesure les effets (et les ravages) de l'état d"addiction" à la fièvre de Cannes et de l'état dans lequel on peut soi même délicieusement se perdre... Plus rien n'existe à part voir des films ! Nous nous transformons en des créatures assoiffées d'invitations prêts à tout pour vivre de grands moments de Cinéma. Des obsessions comme celles d'aller voir tous les films du jour en compétition, de pouvoir revoir un maximum de personnes présentes également sur Cannes, ou encore d'accéder à toute soirée ou autre évènement prisé... Toutes ces choses qui normalement nous semblent éphémères deviennent vitales à Cannes !"J'accède donc je suis"...
Du coup, ces 10 jours de vie décalée de festivalier plongé dans la bulle cannoise et qui court constamment nous mettent dans un tel état d'épuisement que l'annonce du palmarès s'apparente à une délivrance qu'on ne veut même pas reconnaître. Vous pourriez nous taxer de masochistes - vous n'auriez pas tort - mais nous avons pris un pied fou à vivre cela aussi intensément !!! Nos humeurs se transforment également face à la fatigue et au rythme incessant : sans parler de la frustration de ne pas pouvoir rapporter plus par manque de temps...et de sommeil ! C'est aussi une des raison pour laquelle l'annonce du palmarès éveille toujours des sentiments et réactions passionnées : quand arrive le palmarès, la Croisette est remontée à bloc, chacun défendant ses coups de cœur avec passion et le peu d'énergie qui lui reste...
Et cette année les prix accordés par le jury de Nanni Moretti font des remous : Carlos Reygadas que la presse avait sifflé et dont la mise en scène était qualifiée de prétentieuse, double prix d'interprétation pour les actrices du film de Christian Mungiu et rien pour Marion Cotillard, prix du jury au grand Ken Loach pour la part des anges, sympathique mais pas indispensable, Reality de Matteo Garrone qui a endormi la Croisette et dont le message enfonce un clou déjà planté... Heureusement que la palme d'or à mis (presque) tout le monde d'accord.
Je dis bien presque car Amour a beau être un très beau film qui ne laissera personne indifférent, son point de vue narratif détaché, cru et pragmatique pour rapporter les derniers jours de vie du couple d'octogénaires laissera un grand nombre de spectateurs hermétiques au message profond. On est en droit de préférer le cinéma de Jacques Audiard pour rapporter également de l'Amour dans le magnifique De rouille et d'os. Jacques Audiard donc qui est pour moi un grand oublié du palmarès du jury. Egalement Holly Motors et Mud avaient conquis les festivaliers et furent oubliés... Et compte tenu de l'état du festivalier en fin de marathon que je vous décrivais plus haut, les réactions passionnés du public de la salle Lumière à l'annonce de certains prix s'expliquent.
La sélection du festival de Cannes 2012 pour laquelle je vous avais exprimé ici et là toutes mes attentes positives, sur le papier, m'apparaît a posteriori comme une satisfaction en demi-teinte : deux "grands" noms qui ne m'ont pas déçu au milieu hélas de trop de déceptions et une absence de surprises de la part des "outsiders" contrairement à l'année dernière. Comme il est étonnant de voir que le palmarès du jury est en fait à l'image de cette impression contrastée... Je me suis consolé depuis en allant voir quelques blockbusters hollywoodiens mais ils m'apparaissent aussi bien fades... Les effets secondaires de Cannes me rendraient-ils exigeant ? A moins que je ne vieillisse moi aussi :-)
En tous les cas, j'ai grand hâte de découvrir en salle Mud, et Les bêtes du sud sauvage, Caméra d'Or plébiscitée.
L'Amour avec un "A" majuscule était au cœur des sujets des films de Cannes (même au Certain Regard). Un Amour du Cinéma qui me fait dire que l'an prochain, je retournerai à nouveau en parfait "addict" que je suis aux pieds des marches du Palais des festivals retrouver mon dealer Cannois préfèré !
Jérôme
Belle analyse qui sonne juste à mes yeux - petite exception pour "la part des anges" dont j'ai beaucoup aimé le message surtout : rien n'est perdu quand il y a courage et intelligence ! Chance aussi bien sûr mais il suffit peut-être d'y croire...
D'accord aussi avec la formule "j'accède donc je suis" incroyable ! Heureusement que c'est seulement sur 10 jours ! ;-)
A bientôt en sept. ?
Bisous,
Mireille
Rédigé par : mireille | mercredi 08 août 2012 à 10:56
Hello Mireille!
Merci pour ton message! Bon je suis d'accord "La part des anges" est plein de belles choses et j'adhère également complètement au message...mais on a reçu de plus grandes claques quand même de la part de Ken Loach et d'autres films en compétition étaient plsu intéressants apparemment...
Mais oui, heureusement que c'est seulement sur 10 jours! On ne se rend pas compte à quel point c'est épuisant ;-)
Je suis désormais sur Paris...tout a bougé! Donc ca va pas être possible de soir en septembre hélas :-(
Bisous
Jérôme
Rédigé par : jerome | mercredi 08 août 2012 à 12:13