par Olivier
le 11 novembre 2014 à 04:38
Mélanie Laurent avait envie d'adapter depuis longtemps le roman éponyme de Sophie Brasme, publié en 2001, qu'elle avait dévoré à l'age de 17 ans. Et pour cause...
"J'ai voulu mettre en scène une perverse narcissique et sa victime. Parce que dans mes années lycée, je me suis faite +emmerder+ comme des milliers de jeunes filles. On tombe sur quelqu'un qui vous fascine, on se brouille avec son ancienne bande. L'étau se referme comme dans une prison. On devient très vite parano. Il y a peu de compassion à cet âge-là. On est cruel. On peut subir un harcèlement moral qui, du reste, a dû s'accentuer aujourd'hui avec les réseaux sociaux", explique celle qui voulait être réalisatrice depuis l'enfance, et qui devint actrice par hasard.
En me rendant à la projection officielle en mai dernier, j'avoue que je craignais un peu cette séance spéciale de la semaine de la critique . N'ayant pas lu le livre, le pitch me laissait craindre une histoire classique, voire clichée, sur les problèmes d'ados, les peines de coeur… Et puis, en faisant un film sur deux nanas, Mélanie Laurent ne cherchait-elle pas à surfer sur le succès de La vie d'Adèle , palme d'or du précédent Festival de Cannes ? Après un premier film réussi, Les adoptés en 2011, Mélanie Laurent allait-elle transformer l'essai ?
Homme de peu de foi que je suis ! Respire traite avec brio de la fascination et du désarroi d'une victime face à une manipulatrice, d'une relation d'amitié qui va s'avérer toxique, cruelle, violente. En tant que spectateurs nous assistons, impuissants, à la manipulation psychologique de Sarah (Lou De Laâge) détruisant lentement Charlie (Joséphine Jappy) une jeune lycéenne séduite par le tempérament et le charisme de la nouvelle venue.
L'empathie est totale pour les 2 personnages, même pour Sarah dont le personnage complexe cache évidemment un lourd secret. On y croit, on s'identifie, on est pris aux tripes devant cette lente et déchirante descente aux enfers, au fur et à mesure que l'étau se resserre.
Le film doit beaucoup à l'interpretation magistrale de Josephine Japy (repérée par Mélanie Laurent dans Cloclo de Florent Emilio Siri) et de Lou de Lâage (repérée elle dans J'aime regarder les filles de Frédéric Louf). Bien dirigées par Mélanie Laurent, les 2 actrices s'expriment selon une palette d'émotions très riche et avec une extrême justesse.
Ce fût sous une immense standing ovation que l'ensemble de l'équipe du film (y compris ses techniciens qui avaient fait le trajet jusqu'à Cannes) vit la lumière se rallumer.
Si l'actrice (révélée en 2006 dans Je vais bien, ne t'en fais pas de Philippe Lioret) divise, la réalisatrice Mélanie Laurent confirme un savoir-faire certain en signant un film oppressant (d'où le titre) d'une grande justesse, et révélant s'il le fallait le talent de Joséphine Japy et Lou de Lâage.
A ne pas rater en salle dès le 12 novembre, surtout que nous vous proposons de gagner10x2 invitations pour découvrir le film !
La bande annonce de Respire et nos photos de la projections officielle à la semaine de la critique :
"Respire", ou le besoin permanent de deux jeunes adolescentes en quête d'un nouvel air.
Le film montre deux personnes bien fragiles, deux parcours différents pourtant destinés à se croiser dans une classe de lycée.
Dès l'instant où la rencontre entre les deux jeunes filles s'opère, la vie de l'une d'entre elles va basculer. Charlie, jeune fille plutôt réservée et asthmatique rencontre donc Sarah, fille extravertie, arrivée en cours d'année dans son lycée, et dotée d'un charisme et d'anecdotes qui font rêver la première. Seulement voilà, un jeu pervers et malsain (de circonstance à cet âge là) va lentement s'installer et affecter l'une des deux.
Au départ de leur rencontre je me suis dit exactement la même chose que ce qui est cité plus haut dans cet article, à savoir qu'une histoire d'amour entre ces deux jeunes filles aller poindre, qui même compliquée rappellera forcément la palme d'or de Cannes 2013, La Vie D'Adèle. Point positif du film, il n'en est rien, et c'est bien mieux ainsi. Non, leurs relations seront bien plus compliquées et même malsaines que dans le dernier long métrage d'Abdellatif Kechiche. Outre la fascination de l'une envers l'autre, c'est surtout le jeu pervers que mène l'admirée envers son admiratrice qui tient le film. Le bémol pour moi réside principalement dans la progression des rapports entre les deux jeunes filles. Justement il n'y a, pour moi, aucune progression réelle du jeu.
Là où j'aurais souhaité une montée en puissance plus régulière du jeu de perversion que Sarah inflige à Charlie, nous sommes plus en mode courant alternatif en terme de relationnel. En effet le film oscille trop souvent entre perversion et amitié renaissante. Et dans le cas où cette amitié est éventuellement fausse, je trouve que cela hache quand même pas mal le film. C'est dommage, je trouve sincèrement qu'une progression crescendo de la perversité aurait servi le film, et l'aurait éloigné de son climat parfois orienté "querelles d'ados". Le lourd secret de Sarah permet quand même de contrebalancer ce sentiment qui souvent m'habitait pendant la séance (ouf !).
Respire reste au final un bon film, efficace et beau visuellement (même si les plans type "pré au vent sur fond de soleil" sonnent comme déjà vus). Le dénouement est fort et limite jouissif (mais chut je n'en dis pas plus !) et permet de remonter le niveau global de l'oeuvre de Mélanie Laurent.
SeB.
Rédigé par : Sébastien Villain | dimanche 23 novembre 2014 à 18:31
Du cinéma pour bobos. Aucun intérêt.
Rédigé par : paul ragots | dimanche 22 février 2015 à 03:03