Ces huit jours de festival passés à courir, découvrir, ressentir, manger de la pellicule, m'ont rappelé cette accroche, Citizen Cannes, utilisée pour le très bon livre de Gilles Jacob, La vie passera comme un rêve...
Le manque de sommeil accumulé change votre état d'esprit et votre perception du temps qui passe (comme dans le très bon film de Christopher Nolan, Insomnia ...) où rêve et réalité se côtoient pour ne former qu'un, dans un monde où tout peut arriver.
Aujourd'hui, il suffit de faire quelques mètres sur la croisette pour comprendre que la compétition touche à sa fin. Les visages des festivaliers sont marqués par les longues projections (beaucoup de films d'au moins deux heures), les longues soirées arrosées et la chaleur toujours étouffante, mettant à rude épreuve nos déodorants.
Car il ne faut pas l'oublier, si nous, amateurs et cinéphiles, sommes là pour profiter au maximum de la fête du cinéma, le festival est pour beaucoup synonyme de travail et de contrainte ! C'est un rendez vous privilégié dans l'année où un grand nombre de films sont vendus, moment que ne doivent pas rater les sociétés de production ou de distribution. La plupart de ceux avec qui nous avons pu échanger à propos des "palmables" (rien à voir avec Pierre) n'ont pas réussi à voir un seul film de la compétition ...
Alors on s'accroche au peu d'énergie qu'il nous reste, le Coca et les Red Bull étant nos meilleurs amis ...
8h30 le réveil sonne ... (enfin, Jérôme pointe son nez dans le salon ...). 9h30, on se lève ...
L'une de nos premières occupations, après un bon petit déj, c'est la réalisation de nos pancartes pour la journée, avec le titre du film que l'on souhaite découvrir. C'est un choix que l'on a fait, moins discret qu'une simple demande verbale, un peu déstabilisant quand des dizaines de personnes vous observent, mais qui fonctionne plutôt bien. En effet, comme tous les matins depuis les débuts du festival, quand la voiture démarre pour se diriger vers Cannes, nous n'avons aucune invitation !
Il faut savoir qu'un festivalier ayant une invitation en trop a tout intérêt à la faire valider dans le palais, l'utilisation des tickets étant pointée. Il risquerait sinon d'être pénalisé l'année suivante sur le nombre de places offertes. A nous de faire en sorte d'être l'élu au moment où il souhaite la donner ... d'où une problématique non négligeable pour les professionnels concernant les tickets rouges et les badges cinéphiles. A la suite de la récente politique "persona non grata" pour les badges amateurs, il arrive qu'il y ait des tickets rouges qui ne trouvent pas preneur. Beaucoup de ces tickets restent donc non validés, et le palais n'est pas toujours rempli ... Je serais curieux de connaitre les proportions tickets rouges/tickets bleus, pour une salle qui contient environ 2300 places ...
Sinon, je suis sur qu'on détient le record du temps d'habillage en mode "costume" dans un parking ! 7 minutes ! La dernière fois, on a battu nos voisins de la Fiat Punto de 12 secondes ...
Puis on entre en scène pour trouver une place ... prêt à tout pour convaincre !
Pour le film de Ken Loach, avec Eric Cantona, j'avais accepté un ticket rouge, et ce fut un véritable parcours du combattant ...
On me propose donc une place couleur tapis en balcon (trois types d'invitations, balcon, corbeille, et orchestre) que j'accepte avec joie, mais nécessitant d'avoir un badge professionnel pour entrer dans le palais. Prenant mon courage à deux mains, je décide de me poster à l'entrée du premier contrôle, scrutant l'éventuel porteur d'un badge valable et d'un ticket bleu afin de pouvoir l'échanger contre mon ticket rouge.... ça ne fonctionne pas ... peu de tickets bleus, et pas de festivalier prêt à échanger (ça peut se comprendre ...).
J'accoste un couple correspondant aux critères attendus, et leur demande "si je peux les accompagner" ... Après explications, ils acceptent difficilement, juste avant le premier "check". Je n'étais pas tranquille, mais dans la confusion, ça pouvait marcher... Voyant les hommes du palais attentifs au moindre détail, je demande finalement à ces deux personnes si elles veulent bien échanger nos tickets juste pour le passage de la validation... Elles refusent... trop tard pour faire demi tour, j'allais tenter le tout pour le tout...
En arrivant au niveau du premier contrôle, l'un des vigiles nous observe tous les trois avec insistance. D'un geste assuré, je tends mon ticket rouge accompagné d'un "on est ensemble !" en désignant le couple... L'homme à la veste sombre nous répond "attendez, c'est pas bon, ça ...."
Gloups ! J'étais grillé, j'allais me faire refouler... Il prend alors le badge que j'avais autour du coup (c'est en fait la carte de visite du site Cannes en Live... bon...), et me dit "vous, allez y !" puis arrête le couple qui m'accompagnait ! Il commence à expliquer que la tenue du monsieur n'est pas conforme au "Dress Code" de la montée des marches... Grosse erreur, il porte des baskets noires... Malgré l'insistance, le couple se fait refuser l'entrée...
Je me retrouve donc seul, avec mon ticket rouge et sans badge valable... et il reste deux autres contrôles à passer avant d'atteindre le bas des marches... Un peu perdu au milieu des privilégiés pour le second "check", j'aperçois alors Jérôme, que j'avais laissé de l'autre coté de la barrière, cherchant toujours une place. Il était accompagné d'une femme, Brigitte, la cinquantaine souriante. Les rejoignant discrètement, Jérôme m'explique que Brigitte lui a proposé de l'accompagner pour la séance, en place orchestre bleue ! La grande classe. Je m'aperçois rapidement que notre accompagnatrice a un badge professionnel autour du cou ! J'en profite alors pour lui demander si un échange de nos places était possible pour le second contrôle, démarche qu'elle accepte avec gentillesse. Nous le passons donc sans encombre pour nous diriger vers le troisième et dernier "check" ... Et là, c'est le drame !!
Juste avant d'arriver sur le tapis, les files orchestre, balcon et corbeille ne suivent plus le même parcours, et les invitations ne sont donc pas validées au même endroit... Nous devons irrémédiablement nous séparer... Non, je n'avais pas fait tout ce chemin pour rien ! Dernière tentative, je m'avance avec Jérôme et Brigitte vers l'entrée des places orchestre et demande s'il était possible que l'on reste ensemble, malgré ma place balcon. L'homme du palais réfléchit quelques secondes qui me paraissent une éternité, et accepte finalement de nous laisser passer sans même me demander mon badge... Brigitte, amusée par le challenge, se retourne et nous glisse un euphorique "on a de la chance !".
Ce soir-là, j'ai vraiment pris mon temps sur ce tapis rouge que je ne croyais plus pouvoir fouler. Nous allions assister à l'une des projections les plus animées avec Cantona, accueilli chaleureusement par le public.
D'ailleurs, c'est très étonnant de voir les différents types d'applaudissement, et les Monty Python pourrait en faire un sketch ! Parmi les classiques, vous pouvez trouver l'applaudissement dit de "l'Orang Outang". Le principe est simple et sans risque, il suffit de courber chacune des mains et de les frapper l'une contre l'autre, pour faire un maximum de bruit sans en avoir l'air... Il existe aussi l'applaudissement de type "comtesse", les coudes collés le long du corps, la main droite allant délicatement à la rencontre de la main gauche qui elle reste immobile, paume vers le ciel, le tout dans un mouvement vertical lent et régulier... Comique et charmant.
Enfin, pendant ces huit jours de festival, nous avons pu approcher le monde du cinéma dans toute sa splendeur, croiser des personnalités sympathiques, en décalage avec le monde réel, participer à des montées des marches et à des projections inoubliables.
Comme l'a expliqué Camille sur son site Cinemaniac (avec qui nous avons d'ailleurs passé un bon moment lors d'un diner très sympa !), on se fait malgré tout refouler régulièrement, avec ou sans sourire... Beaucoup de portes se ferment devant vous (Le festival de Cannes, c'est quand même le culte du "monde autorisé" comme dirait Coluche), et quand l'une d'elles reste entrouverte, il faut en profiter sans hésiter.
C'est souvent dans ces moments-là que l'on découvre les instantanés de Cannes, les petits "plus" qui vous font vivre le festival différemment...
Monica Bellucci n'hésite pas à sourire quand je la croise, tout comme le "Hey !" d'Asia Argento, très sympathique.
Ahhhhh, "Kate" de LOST, superbe, que l'on retrouvera d'ailleurs au Nikki Beach le soir ...
Tiens, sinon, vous connaissez les jeunes femmes ci-dessous ??? On a beau chercher, on ne sait plus dans quel film elles ont "joué" ! ;-)
Enfin, la journée s'achève par un verre au Nikki Beach, à La Voile Rouge, ou encore au cinéma de la plage, scène accueillant aussi bien des vieux films que des groupes de musiques, classique ou moderne.
J'aime beaucoup ces instants-là, sur la plage, le soir, loin du bruit Cannois et des lumières aveuglantes, où installés dans nos transats, nous restons silencieux, nous remémorant la journée.
Il est souvent deux ou trois heures du matin quand nous retrouvons notre chaumière. Tranquillement, sur la petite terrasse, nous écrivons alors les critiques des films que nous avons vus, ou une anecdote sur les journées passées ...
Tiens, si je vous racontais ce qu'il m'est arrivé avec mon ticket rouge, pour le film de Cantona ?
Seb
Ben oui, racontes.....tu aurais pu le faire tout de même, il n'était que 05:43....;-)))
Finalement, on se repose bien plus au boulot....:-(((
Rédigé par : Guigui | samedi 23 mai 2009 à 10:35
Que de courage c'est bientot fini, tenez bon les loulous. On pense à vous.
Rédigé par : Rachidou | samedi 23 mai 2009 à 12:07
Je veux faire comme vouuus !
Quelle chance !
Rédigé par : Pauline | samedi 23 mai 2009 à 13:46
Mais au fait combien de marches pour arriver à la tour? qui est vraiment le dieu de cette cathédrale? et pourquoi tout démonter puisque c'est éternel?
Je vous laisse le choix de la musique.
On aimerait que cela dure toujours........
Beau Palmarès.... merci les artistes.
Biz à Nico, le plus célèbre de mes cousins.
et amitiés à l'équipe. le journal bien sûr
Sand and sun - avec bulles rémoises!
Rédigé par : Sandrine H. | dimanche 24 mai 2009 à 12:41