Bon, que les choses soient claires, nous sommes dans un film barré, c'est à dire, ultra symbolique, complètement décousu, sans queue ni tête (surtout à la fin) et où le spectateur est livré à lui-même pour faire sa propre interprétation de ce qu'il voit.
L'objectif est clair pour le réalisateur : nous perdre dans une succession de scènes contemplatives (longues images de la mer, d'un orage, de la forêt), fantastiques/absurdes (là, je ne raconte pas, c'est la surprise) et violentes /scabreuses; le tout sans réelle logique temporelle (flash-back /souvenir /Fantasme / rêve ?) et par le truchement d'artifices plus ou moins judicieux (effet d'optique de flou périphérique pour la majorité des scènes extérieures).
Que souhaite-il maintenant montrer ?
La quête du personnage principal (et indirectement du spectateur) pour trouver l'innocence, la beauté, l'amour, l'espoir dans notre ténébreuse vie où violence, trahison et tentation sont légion ?
Que la violence est manifestement indissociable de la nature humaine ?
Mais quel est donc le regard de l'auteur ? Est-il désabusé ou confiant ?
Malheureusement, le réalisateur ne nous donne pas suffisamment de clés pour interpréter son oeuvre. Du coup, on reste un peu sur le carreau !
Mais finalement, le plus important est que Carlos Reygadas a pu placer ses dernières images de rugby, fan qu'il est. Faut savoir se faire plaisir tout de même !
De mon côté, c'est plutôt "Post tenebras spero lucem" !
Film en fait très difficile à saisir.
Il est évident que la photographie et le cadrage - format 1:1.33 , et le plus souvent en grand angle - valent le détour. De ce point de vue, c'est remarquable et on retouve l'opus précédent (Sellet licht).
Maintenant côté scénario ça devient plus difficile. On est complètement perdu dans cette quête autobiographique. A la sortie de la projection, j'étais très négatif. Maintenant, 24h plus tard, légèrement moins sévère. Il faut du temps pour revenir sur ce flot d'images et de sensations fantastiques et souvent dérangeantes.
Au final, je vous conseille de lire la critique de Variety (en anglais - http://www.variety.com/review/VE1117947629?refcatid=2531 ) qui pourra donner quelques clés de décodage. Je retiendrai que "certaines choses ne pourront être expliquées que par le psychanalyste du réalisateur et encore à condition qu'il ait un sens de la poésie" .
Rédigé par : Jacques | vendredi 25 mai 2012 à 19:29
N'ayant pas vu le film je me passerai de commentaires mais vous semblez tous les 2, Jacques et Nicolas, avoir à la fois rejetté le film et en même temps plus ou moins inconsciemment cherché à comprendre le message...
Et je me souviens que c'est exactement ce que je ressentais à chaud après chaque film de Reygadas que je découvrais....mention plus à Battalla en le cielo que je trouvais hideux, repoussant, cru, glacial et provocateur et surtout inutile....mais dont les images me hantaient tant je voulais comprendre pourquoi...
Et je pense que ou savez raison: seule une thérapie du réal permettrait de comprendre...mais en fait, il ne la ferait pas sa thérapie en couchant ses fantasmes sur pellicule ?;-) bref...vivement le retour du Danois névrosé! ;-)
Rédigé par : Jérôme | vendredi 25 mai 2012 à 22:26