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Abderrahmane Sissako est un réalisateur mauritanien et s'il vous est inconnu, vous allez (comme nous :-)) devoir apprendre à écrire son nom .
Son "Timbuktu" présenté ce matin a visiblement marqué les esprits des festivaliers, y compris les nôtres. Une belle ironie du sort alors que Thierry Frémaux oublia non intentionnellement en conférence de presse de citer la présence du film en compétition officielle.
Le film s'ouvre sur la course d'une gazelle en plein désert filmée en Cinémascope. Premier plan saisissant. Kidane mène une vie simple et paisible dans les dunes, non loin de Tombouctou sous les jougs des extrémistes religieux. Il est entouré de sa femme Satima, de sa fille Toyan, et de Issan. Mais la paix fragile peut s'arrêter à tout moment et la sérénité peut fléchir sous le régime de terreur des djihadistes...
Timbuktu réussit à exposer avec simplicité et justesse le fanatisme religieux à l'image du magnifique Persépolis de Marjane Sartrapi qui nous avait ébloui en 2007. Les femmes apportent ici la sagesse et la lucidité et illumine l'absurdité du Monde envahissante. Enfin, quelle place pour la foi quand la folie gagne les hommes et que la barbarie domine???
Il y a de la Grâce dans la mise en scène de Sissako; mais aussi une Poésie omniprésente. Cette scène de match de foot sans ballon filmée au ralenti émeut le spectateur stupéfait qui était pourtant hilare auparavant au détour d'un discours de djihadistes à propos de l'équipe de France de 1998...
Ajoutons à cela une magnifique photo et des images superbes aussi bien dans les cadres que dans les paysages...Timbuktu est également une splendeur visuelle.
Nous voyons rarement des films africains dans les salles françaises (car peu distribués) mais Sissako est l'un des plus grands représentants du Cinéma issu du continent africain. Nous avions déjà découvert l'un de ces précédents films Bamako en 2004 à Cannes...Timbuktu m'a donné envie de revoir ce Bamako et de découvrir encore plus de films de Sissako.
Puissance et Force se dégagent de l'extrême cruauté des situations barbares et de la beauté des visages et des panoramas. Nous avons vibré. Nous avons été saisis...
Ne jamais sous-estimer Thierry Frémaux et sa capacité à nous faire découvrir de telles œuvres que je range désormais à coté de Persépolis ou de No Man's Land de Denis Tanovic.
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