Moyenne |
Olivier |
Nicolas |
Jérôme |
Lazlo Nemes prend le parti de suivre son personnage principal de très près. La caméra n'est toujours qu'à une trentaine de centimètres autour de lui et ne le quitte jamais. Il est le centre de tout et par extension le spectateur aussi. Nous sommes donc témoins et acteurs du travail de Saul : nous voyons ce qu'il voit et ce qu'il fait. Par conséquent, l'environnement dans lequel il évolue n'est pas le centre d'interêt et c'est là que ça dérange. Autour de lui se succèdent toutes les étapes de la Shoah dans les camps de concentration, chambres à gaz, fours crématoires, enlèvement des cendres, tris des affaires. Toutes ces étapes ne sont évoquées qu'en arrière plan, mais jamais de manière très distincte, souvent suggérées et non montrées, aussi évoquées dans le cadre du travail à la chaîne du sonderkommando, rationalisé et industrialisé.
Il en résulte un sentiment très malsain car l'attention n'est pas portée sur les atrocités mais sur Saul, littéralement déshumanisé par son travail. Il ne trahit aucune émotion, et enchaîne les tâches comme une machine. Il s'accroche alors au désir fou d'offrir une sépulture à un enfant qu'il croit être son fils pour peut-être se prouver qu'il n'est pas encore mort. Il s'ensuit un chemin semé d'embûches où la volonté inébranlable de Saul le guide dans l'enfer même.
L'exercice de Lazlo Nemes est risqué et dénote assurément une prouesse d'inventivité et de réalisation (un prix ?). Néanmoins, il n'est pas aisé d'y adhérer complètement. A vous de voir.
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