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De retour sur la Croisette 2 ans après le merveilleux "La Grande Bellezza", qui était reparti bredouille au palmarès cannois mais avait ensuite remporté l'Oscar du meilleur film étranger, Paolo Sorrentino revient avec "Youth" porté par ... 2 septuagénaires !
"Youth", c'est un peu le mélange de "la Grande Bellezza" et de "Birdman": on parle du temps qui passe, de la vie, de l'Art, du Cinéma...et on recherche à figer la Beauté pour l'éternité. Mike, le personnage de Michael Caine est un chef d'orchestre retraité qui ne veut pas jouer devant la Reine d'Angleterre. Son ami, interprétré par Harvey Keitel est un cinéaste qui vibre encore de la flamme illusoire de la Passion. S'ajoutent à ces 2 protagonistes, des figures marquantes comme une parodie de Maradona ou encore un Dalai-Lama qui a du mal à léviter...Tous côtoient dans leur somptueuse maison de repos en Suisse, des personnages plus "jeunes": la fille de Mike (Rachel Weizs éblouissante) délaissée, Paul Dano en acteur qui se cherche, ou encore la jeune masseuse qui s'initie à la danse, sans oublier une désirable "Miss Univers". Tous ont des messages à communiquer et formulent des appels au secours mais ont aussi des choses à apprendre des deux compères facétieux.
A travers des trouvailles visuelles poétiques dont le réalisateur italien a seul le secret (comme le concert de cloches de vaches, ou encore l'entrée au bain de miss Univers sous le regard ébahi des 2 vieillards), Sorrentino filme le fantasme de la jeunesse, de la Beauté et de la Gloire éternelles.
Comme dans "La Grande Bellezza", les dialogues sont tantôt drôles tantôt cinglants: la scène où le personnage de Rachel Weizs vide son sac à son père en premier lieu, et surtout celle au cours de laquelle Harvey Keitel va échanger avec Jane Fonda trône parmi les plus marquantes.
L'action a beau être en huis clos, tout respire dans "Youth" et les sujets abordés deviennent universels. La scène finale qui sert également de générique est d'une beauté inouie et dégage une puissance émotionelle unique.
Malgré les sujets intimistes abordés, le film est drôle et positif. La dernière phrase d'Harvey Keitel résonne encore dans nos têtes: « Tu dis que les émotions sont surestimées, mais les émotions sont tout ce qu'on a ». De l'émotion, il y en a eu beaucoup à l'issue de la projection de "Youth" et le public du Grand Théatre Lumiere a très chaleuresuement accueilli le film, malgré certains mécontents.
Sorrentino travaille les mêmes thèmes dans ses films mais sa perfection et son style personnel s'améliorent encore. Nous ne serions pas étonnés de voir la Palme d'Or lui être attribuée pour "Youth".
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