Publié par Olivier le 17 mai 2016 à 11:16
Moyenne |
Olivier |
Nicolas |
Jérôme |
Chouette, un film allemand de 3h !!! Non, je plaisante. C’est franchement à reculons que je me suis dirigé vers le Palais pour la projection de Toni Erdmann, encore échaudé et à peine remis de celle de 3h du Sieranevada de Cristi Puiu. Ajoutons que je ne connais pas le cinéma de Maren Ade (je n’ai pas vu ses 2 premiers films), pas lu le synopsis du film avant la séance, pas écouté les retours de la projection presse de 8h30. Bref, je ne sais pas où je mets les pieds. En plus Nico et Jérôme ne sont pas là. J’ai donc la lourde responsabilité de représenter cannesenlive à cette projo. Impossible de « sécher ». La séance est à 16h. J’arrive aux pieds des marches à 15h55. L’équipe du film est déjà en haut. Hé hé me dis-je intérieurement : avec un peu de chance, ça se trouve, il est trop tard on ne va plus me laisser rentrer. Pas de bol, je rentre. J’ai le temps de prendre une photo de l’équipe du film en passant à côté d’eux, je m’installe in extremis dans la salle. 15h59. Quelques secondes avant que la lumière ne s’éteigne, la personne d’un certain âge assises à côté de moi me dit : « il parait que c’est drôle ». Quoi ? De l’humour allemand ? Pendant 3h ? Sans déconner… Le film commence.
C’est sobre la mise en scène allemande. On est loin de l’esthétisme ultra léché d’un Mademoiselle. Et sans surprise, la réalisatrice prend son temps. Au bout d’une heure, je regarde ma montre. Je me demande si Maren Ade sait vraiment où elle veut nous emmener, et pourquoi elle a nommé son film ainsi. Quand, soudainement, Toni Erdmann apparait. Le film bascule et va aller crescendo.
On commence à sourire doucement, puis à rire vraiment devant les séquences improbables, les situations cocasses, de cette relation père/fille que tout semble opposer. Je me dit que j’ai bien fait de ne pas sortir de la salle. On comprend que ce père à l’imagination débordante est prêt à tout, capable de tout. Imaginez le pire, il vous surprendra quand même.
Au bout de 2h Maren Ade a conquis les 2300 personnes présentes dans le Grand Théâtre Lumière. La salle rit à gorge déployée devant la consternation de cette fille (remarquable Sandra Hüller) face aux blagues d’un père (tout aussi bon Peter Simonischek) d’une lourdeur absolue, cabotin à souhait. La salle applaudit à tout rompre après une scène de chant d’anthologie. On se croirait en séance de minuit. Et je vous passe la scène d’éjaculation sur les petits fours. Mais le film n’est pas fini, et la barre est haute maintenant. La 3e heure ne va-t-elle pas nous décevoir après tout çà ? Et bien non !
Entre la tendresse pudique de la scène du calin dans le parc et l’irresistible « naked party» dont on se souviendra longtemps sur la croisette, Maren Ade enfonce le clou et remporte la mise… en attendant de remporter la palme. Car, fait notoire, Toni Erdmann fait l’unanimité auprès des festivaliers, de la presse française et de la presse internationale. Sacré destin pour ce film, prévu au départ pour le certain regard, déplacé en compétition la veille de la conférence d’annonce de la selection officielle. En remportant une palme d'or, Maren Ade serait seulement la 2e femme de toute l’histoire du Festival à remporter une palme d’or, après Jane Campion pour «La leçon de piano » en 1993. Certes la compétition n’est pas terminée. Mais Toni Erdmann est un film drôle et intelligent, particulièrement bien écrit, remarquablement interprété. Le Jury ne peut pas passer à côté. Le film sera au palmarès, j’en fiche mon billet. Verdict dimanche soir à 19h lors de la cérémonie de clôture de Cannes 2016 !
Les commentaires récents