Publié par Jérôme le 03 mai 2017 à 22:13
Cannes 2017 approche à grands pas. Plus que quelques jours avant la mise à feu du 70e anniversaire du prestigieux festival. La sélection officielle a été révélée et nous avions envie de vous faire part de nos attentes, mais aussi de nos déceptions et de… nos constatations.
Une chose est frappante : le festival de Cannes (comme le monde entier) est en train de changer. En fait depuis 2 ans déjà, le festival se transforme et s’adapte à la mutation des usages et des technologies. Le festival était et demeure un évènement professionnel et marketing, caractérisé par ses nombreuses fêtes et où l’on y voit un maximum de films de Cinéma si l’on est chanceux d’accéder aux salles malgré les longues files d’attente. Et pourtant… même si la Croisette s’apprête à accueillir des milliers de journalistes et de professionnels, ils sont de moins en moins nombreux depuis 3 ans à pouvoir rejoindre la Grande fête du Cinéma. Il y a moins de grandes marques qui s’affichent au cours du Festival, les plages privées y sont moins nombreuses (Martini et Orange ayant disparues, seules Magnum et Nespresso survivent) et les fêtes ne fleurissent plus la Croisette depuis les décrets préfectoraux de 2013. La disparition de Canal+ l’an dernier a bel bien laissé un grand vide : une page s’est tournée.
Oui le festival se transforme et l’incertitude sur le devenir s’est bien ressentie dans les paroles de Thierry Frémaux et de Pierre Lescure lors de la conférence de presse officielle de #cannes2017. Cette année, moins de stars Hollywoodiennes sur le tapis mais nous verrons arriver Amazon et Netflix pour la première fois sur le tapis rouge. L’ajout de séries TV a de quoi surprendre également. «C'est parce que ces deux séries sont signées Lynch et Campion que nous montrons leurs films, c'est une façon de donner des nouvelles de quelques cinéastes qui nous sont chers», a ainsi déclaré Thierry Frémaux.
Mais l’évènement notable de ce #cannes2017 sera la présentation en sélection officielle du premier film en réalité virtuelle (VR). Et ce film est signé par Alejandro Gonzales Innaritu, réalisateur né à Cannes en 2000 avec Amour Chiennes. Mais la « VR Experience » du réalisateur de Babel, Birdman ou encore The Revenant ne peut être vue et vécue que par une seule personne à la fois et que cette expérience sera localisée dans un hangar du côté de Mandelieu la Napoule, soit à 25 minutes du centre de Cannes et du palais des festivals. 70 personnes par jour seulement au cours des 10 jours de festival auront le privilège de pouvoir la vivre et d’être inscrit sur « la liste ». Pour un tel évènement annoncé en grande pompe en sélection officielle, vous imaginez la frustration chez les « petits » festivaliers comme nous de ne pas pouvoir « vivre » l’expérience promise une fois le trajet sur Cannes effectué.
Alors certes, Cannes a toujours été un paradis des portes fermées et il faut se « battre » pour en être. Mais nous ne pouvons que constater hélas que, en 10 ans de couverture live du festival, les évènements de Cannes se sont tous refermés d’années en années. Voir un film à Cannes relève d’un défi pour lequel seule la Passion débordante d’un cinéphile acharné peut en venir à bout. Mais les cinéphiles passionnés que nous sommes n’aimons pas non plus être pris pour des poires. Tiens, qui a été voir en salles le film roumain Sierranevada issue de la sélection officielle #cannes2016 ? Un huis clos de 3 heures dans un appartement de Bucarest plombé par des dialogues inintéressants et des claquements de porte énervants : du pur « stéréotype » de film de festival à donner à manger à des cinéphiles irrassasiables… Mais quand nos cœurs de cinéphiles échaudés découvrent de manière totalement inattendue des perles comme Toni Erdmann ou encore Train to Busan, on pardonnerait (presque) tout. A l’opposé, il faut dire que nous devenons nous aussi plus exigeants d’année en année !
Pour reprendre les mots de Thierry Frémaux lors de la conférence de presse de #cannes2017 : «la promesse de vivre ensemble » va s’ouvrir avec les fantômes d'Ismaël réalisé par Arnaud Desplechin. Un film français en ouverture du 70e anniversaire signé par un réalisateur pour lequel les organisateurs ont du faire leur « mea culpa » au sujet de l’absence de son avant-dernier film en compétition officielle. Voici donc un bel exemple de « placement sécurité » comme dirait mon banquier !
Soyons honnêtes : les films de la sélection officielle #cannes2017 sont plus ou moins alléchants et à l’image de son film d’ouverture « placement sécurité » mais il est encore trop tôt pour juger sans avoir vu. Il est en revanche triste de constater que nous avons moins de films issus des grands studios hollywoodiens cette année, y compris hors compétition. Les studios auraient-ils eu peur de venir en France au milieu d’un tel contexte électoral et social des plus incertains ? Ou bien les nouveaux rois de l’arène seraient-ils déjà Amazon et Netflix ? Vous avez une heure et ensuite on relève les copies…
Rendez-vous donc pour « That 70’s Show » du 17 au 28 mai prochain. Nous vous révèlerons un peu chaque jour si oui ou non la « promesse » annoncée sera bien tenue.
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