Cannes en Live ! - Blog sur le Festival de Cannes 2018

« Taking Woodstock» de Ang Lee : notre critique

Notre avis 

  

 

Synopsis

1969. Elliot, décorateur d'intérieur à Greenwich Village, traverse une mauvaise passe et doit retourner vivre chez ses parents, dans le nord de l'État de New York, où il tente de reprendre en mains la gestion de leur motel délabré. Menacé de saisie, le père d'Elliot veut incendier le bâtiment sans même en avoir payé l'assurance alors qu'Elliot se demande encore comment il va enfin pouvoir annoncer qu'il est gay...Alors que la situation est tout simplement catastrophique, il apprend qu'une bourgade voisine refuse finalement d'accueillir un festival de musique hippie. Voyant là une opportunité inespérée, Elliot appelle les producteurs. Trois semaines plus tard, 500 000 personnes envahissent le champ de son voisin et Elliot se retrouve embarqué dans l'aventure qui va changer pour toujours sa vie et celle de toute une génération.

 

La critique de Jérôme

L'organisation du festival de Woodstock comme vous ne l'avez jamais vue. Mais mieux vaut ne pas s'attendre à un film révolutionnaire non plus. Taking Woodstock est léger, drôle, frais et tranche complètement avec le reste de la sélection officielle des films en compétition vus jusqu'à présent. Même si on a connu Ang Lee plus lyrique et plus inspiré,il s'attaque là à un genre nouveau et on l'en remercie. Comme dirait nos amis des  Nuls, "C'est bon de rire parfois..." Une bouffée d'air (qui fais rire donc) frais mais qui ne fait pas non plus atteindre le Nirvana.

 

La critique de Olivier

 

Un petit film sympathique, mais qui n'a pas l'envergure pour une palme d'or.

« Vengeance » de Johnnie To : notre critique

Notre avis

Synopsis

Un père vient à Hong Kong pour venger sa fille, victime de tueurs à gages. Sur son passeport est marqué "cuisinier". 20 ans plus tôt, il était un tueur professionnel.

La critique d'Olivier

La recette du jour : comment préparer une bonne Vengeance.

Prenez le pitch du Kill Bill de Tarantino. Ajouter le coup des polaroïds du Memento de Christopher Nolan. Surtout, n'oubliez pas l'abus de ralentis pour les scènes de flingues (à la John Woo, à 2 ou 3 colombes blanches près, en fonction de votre stock). Si vous n'avez pas de bons dialogues à faire interpréter, pas besoin d'acteur, prenez un chanteur. Servez très rechauffé et c'est prêt !

La critique de Nicolas

Je n'avais vu que The Mission de Johnnie To avant d'assister à Vengeance et je pense sincèrement que j'aurais pu m'abstenir de cette projection. The mission m'avait séduit par un humour fin, des scènes d'actions impressionnantes et étonnamment statiques (anti John Woo) et une ambiance très particulière. On retrouve dans Vengeance quelques bribes de ces inspirations passées et d'excellentes trouvailles. Mais...
Mais, j'avoue ne pas du tout adhérer au jeu d'acteur de Johnny Halliday et à certaines scènes frolant à mon sens le ridicule (la prière !). Le scénario sent le déjà vu et utilise des idées beaucoup mieux exploitées dans d'autres films (Memento par exemple). Enfin, les scènes d'action s'inspirent de plus en plus de celles des bons vieux films de pan-pan (Pas Bambi mais plutôt les films avec des pistolets et des mitraillettes et où les personnages passent leur temps à se tirer dessus avec des sourires sadiques, du sang qui gicle partout, etc...) et perdent de leur originalité.

Que Johnnie To fasse du Johnnie To bon sang !
Moi aussi, je réclame vengeance...

« Kinatay» de Brillante Mendoza : notre critique

Notre avis

Synopsis

Peping, un jeune étudiant en criminologie, est recruté par son ancien camarade de classe Abyong, pour travailler en tant qu'homme à tout faire au service d'un gang local de Manille. Cette activité lui permet de gagner de l'argent facilement pour faire vivre sa jeune fiancée, étudiante elle-aussi, qu'il a décidé d'épouser. Mais pour ça, il lui faut encore plus d'argent. Abyong propose alors au jeune homme de s'engager dans une "mission spéciale", particulièrement bien rémunérée...

La critique de Jerome

Difficile d'aimer un film aussi radical que cet ovni philippin d'un genre nouveau. Le film est un thriller experimental qui s'apparente plus à une lente agonie qui se termine en carnage et ne peut que glacer d'effroi le spectateur tétanisé d'horreur. Pourtant, il faut souligner l'audace du réalisateur Brillante Mendoza qui ose et bouleverse les codes. Des sifflets ont accompagné les appaudissements à la fin de la projection. Les 2/3 du film sont tournés de nuit et Manille se revèle alors une ville autrement plus dangereuse et terrifiante. Il ne se passe rien pendant un bon tiers du film sinon suivre le protagoniste embarqué dans cette descente aux enfers.

 

Un film qui dérange et qui hante si l'on en supporte sa vision jusqu'au bout. Horrible, sans effets de style et filmé comme un reportage, Kinatay devrait faire parler de lui comme l'avait fait le film Martyrs sorti cette anéee (interdit aux moins de 18 ans à la base). Avis aux amateurs d'extrême...

« Agora » de Alejandro Amenabar : notre critique

Notre avis

Synopsis

IVème siècle après Jésus-Christ. L'Egypte est sous domination romaine. A Alexandrie, la révolte des Chrétiens gronde. Réfugiée dans la grande Bibliothèque, désormais menacée par la colère des insurgés, la brillante astronome Hypatie tente de préserver les connaissances accumulées depuis des siècles, avec l'aide de ses disciples. Parmi eux, deux hommes se disputent l'amour d'Hypatie : Oreste et le jeune esclave Davus, déchiré entre ses sentiments et la perspective d'être affranchi s'il accepte de rejoindre les Chrétiens, de plus en plus puissants...

La critique d'Olivier

Après la particulièrement pénible Angleterre de Jane Campion, la voyage dans l'Egypte d'Alejandro Amenabar (Les autres, Ouvre les yeux) fût un agréable dépaysement (les scènes d'ouverture et de conclusion sont vraiment "planantes"). Si le film est loin d'être sans défaut, on se laisse gagner par la détermination d'Hypatie d'Alexandrie (Rachel Weisz) à défendre la science  face aux dogmes d'un Christianisme en pleine lutte pour le pouvoir dans un Empire romain déclinant. Femme et athée (autant dire que ce n'était pas gagné pour elle à l'époque !), il faudra attendre près de 1200 ans pour que sa théorie soit enfin reconnue.

De belles lumières, une belle photographie (sans toutefois atteindre le summum que constitue la série Rome de HBO dans ces deux domaines), une bande originale efficace à défaut d'être novatrice (à mi chemin entre les sonorités de Gladiator et La dernière tentation du Christ), et des effets numériques au service de l'histoire ne suffisent pas, malheureusement, à faire oublier le peu de profondeur de certains personnages ou le manque de crédibilité de certaines scènes. Un demi succès ou un demi échec, au choix.

« Ne te retourne pas » de Marina de Van : notre critique

Notre avis 

 

Synopsis

 

Jeanne, plongée dans l'écriture d'un premier roman, constate des changements mystérieux autour d'elle et voit son corps se transformer... Son entourage ne semble pas s'en apercevoir. Troublée, elle découvre chez sa mère une photographie qui la met sur la trace d'une femme, en Italie. Jeanne, désormais transformée, y trouvera la clef d'un étrange passé...

 

La critique de Jérôme

L'idée de départ était alléchante: Sophie Marceau se transforme en Monica Belluci.. mais qui est qui exactement ? Le propos est bien plus profond qu'il n' y parait même si le résultat est au final un peu bancal. En effet, Marina de Van est une artiste inspirée et elle s'attèle avec ce film à la difficile mise en scène d'un personnage feminin qui perd peu à peu le contrôle de sa vie. La seconde partie du film (plus complexe, et plus psychlogique) apparait donc comme plus intéressante mais risque de laisser bon nombre de spectateurs sur le quai. Car oui, il est ici question d'un voyage à l'interieur d'une femme qui part à la recherche d'elle même et doit affronter les fantômes de son passé. Le principal problème du film demeure à mon avis dans l'interprétation des deux actrices principales qui donne parfois lieu à des scènes proches de la parodie... Au final, un sujet intéressant donc avec un traitement très personnel mais un film pas complètement convaincant.

 

 

« Un prophète » de Jacques Audiard : notre critique

Notre avis

Synopsis

Condamné à six ans de prison, Malik El Djebena, ne sait ni lire, ni écrire. À son arrivée en Centrale, seul au monde, il paraît plus jeune, plus fragile que les autres détenus. Il a 19 ans. D'emblée, il tombe sous la coupe d'un groupe de prisonniers corses qui fait régner sa loi dans la prison. Le jeune homme apprend vite. Au fil des " missions ", il s'endurcit et gagne la coiance des Corses. Mais, très vite, Malik utilise toute son intelligence pour développer discrètement son propre réseau...

La critique de Jérôme

Un très bon film noir comme Jacques Audiard sait les faire (De battre mon coeur s'est arrété, Sur mes lèvres...). Le film est long mais pas lent. Contrairement à Gomorra (sur un sujet similaire) que nous avions subi l'an passé, Un prophète traite de la pègre en nous faisant réfléchir tout en nous captivant. Nous suivons en effet l'impressionnante évolution du personnage principal qui se construit alors qu'il est incarcéré en prison. Les 2/3 du film se passent donc entre les murs de la prison et ce qui se passe "à l'intérieur", se voit "à l'extérieur". L'interprète principal Tahar Rahim est excellent et tient face à l'immense Niels Arestrup lui aussi exceptionnel dans le rôle du parrain Corse. Il y a beaucoup de choses dans ce film dense, à la mise en scène précise et implacable. Le film mûrit peu à peu dans nos têtes et nous vous livrons ici nos impressions à chaud. Le futur "prophète" se construit peu à peu alors que les circonstances de son incarcération restent survolées car là n'est pas le sujet du film. Voilà donc un très sérieux candidat à la palme d'or ou au grand prix du jury.

« Bright Star» de Jane Campion : notre critique

Notre avis 

  

Synopsis

Londres, 1818. Un jeune poète anglais de 23 ans, John Keats, et sa voisine Fanny Brawne entament une liaison amoureuse secrète.

La critique de Jérôme

Non le romantisme a l'état pur n'est pas mort. Jane Campion (seule réalisatrice palmée avec l'inoubliable Leçon de piano en 1993) nous l'a rappelé avec ce très beau film romanesque a la façon de Raison et Sentiments ou encore Orgueil et Préjuges. Désir, passion, attirance, mais aussi séparation, peur, tristesse et mort. Ils sont jeunes, beaux et veulent vivre leurs rêves. Les comédiens sont très bons mais le chef opérateur du film mérite particulièrement nos éloges pour la douceur insufflée au cadrage et aux couleurs. Le film peut paraitre certes assez classique et académique mais il est surtout émouvant et pur. Enfin il redonne un certain gout pour la poésie. Beaucoup d'émotions.

La critique de Seb

Pfffuit, qu'est ce que c'est long et ennuyeux ! J'aurais voulu m'intéresser à l'histoire, les personnages, la musique (j'avais tellement aimé La leçon de piano...), mais il n'y a rien, et on souffre ... 1 étoile pour la photographie, superbe.

« Thirst, ceci est mon sang» de Park Chan-Wook : notre critique

Notre avis

  

Synopsis

Un jeune prêtre part en Afrique tester un vaccin expérimental contre un virus mortel. Victime de son sens du sacrifice, il meurt, et ressuscite grâce à une mystérieuse transfusion qui le transforme en vampire.

La critique de Jérôme

Park Chan-wook nous avait laissé K.O en 2004 avec le désormais culte Old Boy. Nous attendions beaucoup de son film de vampires. Et c'est un mélange moyennement réussi de décalage, de grotesque, de violence, d'érotisme et de gore auquel nous convie le réalisateur sud-coréen. Un drôle de film donc qui emprunte aussi bien a de films tels que le Bram Stoker's Dracula de Coppola, d'Entretien avec un vampire, ou encore le récent 30 jours de nuit...

L'histoire de cet ancien prêtre qui se transforme en vampire suite a des études tests de vaccins sur un virus mortel en Afrique s'annonçait pourtant prometteuse. Le film prend ensuite une tournure intéressante car le spectateur assiste alors à la naissance et à l'évolution d'une passion amoureuse entre deux vampires. Le final en revanche m'apparait comme la partie la plus réussie du film. En somme, un film de genre intéressant mais avec beaucoup de longueurs et d'imperfections qui m'ont laissé des impressions mitigées.

La critique de Sébastien

Moi, j'ai bien aimé ! Certes pas un super grand film à palmer, il ne restera pas non plus dans les mémoires comme Old Boy, mais il a son propre charme. Le réalisateur reprend sans retenu des idées  de mise en scènes completes de films sur les vampires déjà existants, et alors ? Même si ça n'est pas parfait, c'est quand même bien foutu, pas d'effet superflus, ni de musiques omniprésentes, des scènes assez longues qui permettent d'installer le spectateur dans une ambiance dérangeante. Ce mélange de sexe et de sang peut heurter, mais l'exercice me semble plutot maitrisé. Ca n'est pas un film hollywoodien (catalogué plutôt comme film d'auteur), c'est assez lent, mais je n'ai pas vu le temps passer ... 

La critique d'Olivier

Tiens, devinez un peu ce que le Festival nous propose aujourd'hui : un film de vampire ... coréen ! En entrant ce matin dans le Grand Théâtre Lumière (la grande salle de projection du palais), j'avais hâte de découvrir la façon dont Park Chan-Wook allait s'approprier le mythe. 2h plus tard, la déception fût à la mesure de l'attente, tant les emprunts (pour ne pas dire plus concernant la scène finale) aux films déjà cités par Jérôme (rajoutons Wolf à la liste) étaient nombreux. Ce film n'est pas mauvais, mais on reste sur sa faim... ou plutôt sa soif.

« Air doll » de Hirokazu Kore-Eda : notre critique

Notre avis

La critique de Jérôme

Après la Chine sulfureuse, passons au Japon. Hirokazu Kore-Eda tourne peu mais toujours très bien. Souvenez-vous: il nous avait ému aux larmes en 2004 avec Nobody Knows. Il revient à Cannes avec Air Doll qui était présenté dans la section parallèle "Un certain regard".

Et Air Doll a très largement contrebalancé mon énervement suite au spectacle du film chinois. Cette histoire est traitée avec poésie et humour à la mode nippone. Le rythme est lent mais on s'imbibe peu à peu de l'ambiance poético-glauque de cette légende urbaine. Il est clair que Gaspar Noé aurait certainement traité d'une manière radicalement différemment l'histoire de cette poupée gonflable  constituée d'air et de plastique qui devient donc vivante. Mais nous avons ici affaire au style narratif d'un nouveau grand auteur japonais. La poupée ingénue découvrira très vite qu'elle possède un cœur et que ce cœur signifie aussi souffrir.

Je suis sorti émerveillé et troublé par Air Doll. Malgré quelques longueurs, il y a des scènes d'une poésie incroyable. L'air, c'est la vie et vivre, ce n'est pas assouvir tous ses désirs...Un très beau film!!

« Tetro » de Francis Ford Coppola : notre critique

Notre avis

La critique d'Olivier

Tetro est sans conteste l'un des films les plus personnels de Francis Ford Coppola, tout bonnement parce qu'il est l'auteur du scénario. Jusqu'à présent, ses plus gros succès au box office étaient des adaptations de romans (Le parrain, Apocalypse Now, Dracula).  
Ce film indépendant va-t-il être l'exception qui confirme la règle ?  Probablement pas.

Commençons par la grande réussite du film : son esthétisme. La sublime photographie en noir et blanc, servie par des lumières inspirées (les scènes en intérieur n'ont rien à envier aux célèbres photos Harcourt) offrent aux images une élégance rare, parfaitement restituée par la projection numérique (et oui, quand on y a goûté, on se demande comment 99,9% des salles en France continuent de proposer à leurs clients des projections en pellicules... comme il y a 100 ans. Amis cinéphiles, rebellez-vous ! Exigez le numérique !!!!).

Malheureusement, à force de soigner la forme, Francis Ford Coppola en oublie le fond. Ce film de 2h est globalement trop long et mériterait un remontage pour lui trouver un rythme, notamment dans sa seconde moitié où les scènes s'enchaînent un peu maladroitement, expédiées pour certaines, s'étirant à n'en plus finir pour d'autres, traduisant un forme d'hésitation de la part d'un très grand metteur en scène sur la façon de conclure son film.

Note technique : 5/5
Note artistique : 2/5

La critique de Seb

Je dois l'avouer, j'ai été déçu par maître Francis. Je m'attendais à un film intimiste, personnel, différent des ses précédentes créations ... objectif raté. C'est long, beaucoup d'effets sonores certes réussis techniquement, mais en désaccord avec le ton du film. L'histoire de ces deux frères ne m'a pas touché plus que ça, et la psychologie des personnages, habituellement maitrisée par le réalisateur, manque de profondeur.

Certaines scènes (la première partie) sont malgré tout étonnantes de sincérité, le noir et blanc utilisé est magnifique, et les acteurs sont bons (j'avais un peu peur avec Vincent Gallo ...). Le débat qui a suivi avec Monsieur Coppola était sympathique, il nous a expliqué que son film (production indépendante) avait plus sa place dans une sélection comme La Quinzaine, moins "bruyante" que la sélection officielle ... Et que grâce à ses réussites comme la trilogie du Parrain ou Apocalypse Now, il pouvait aujourd'hui réaliser tous les films qu'il souhaitait. Une liberté tellement rare aujourd'hui dans le monde du cinéma ...
J'attends donc son prochain film avec impatience.