
par Olivier
le 21 mai 2015 à 19:21
Interview improvisée de Michel Franco, le réalisateur de "Chronic" présenté à Cannes 2015 en compétition.
Youth (2015)
Un film de : Paolo Sorrentino
Casting :
Michael Caine, Harvey Keitel, Rachel Weisz, Paul Dano, Jane Fonda, Neve Gachev, Poppy Corby-Tuech, Tom Lipinski
Durée : 1h58 |
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De retour sur la Croisette 2 ans après le merveilleux "La Grande Bellezza", qui était reparti bredouille au palmarès cannois mais avait ensuite remporté l'Oscar du meilleur film étranger, Paolo Sorrentino revient avec "Youth" porté par ... 2 septuagénaires !
"Youth", c'est un peu le mélange de "la Grande Bellezza" et de "Birdman": on parle du temps qui passe, de la vie, de l'Art, du Cinéma...et on recherche à figer la Beauté pour l'éternité. Mike, le personnage de Michael Caine est un chef d'orchestre retraité qui ne veut pas jouer devant la Reine d'Angleterre. Son ami, interprétré par Harvey Keitel est un cinéaste qui vibre encore de la flamme illusoire de la Passion. S'ajoutent à ces 2 protagonistes, des figures marquantes comme une parodie de Maradona ou encore un Dalai-Lama qui a du mal à léviter...Tous côtoient dans leur somptueuse maison de repos en Suisse, des personnages plus "jeunes": la fille de Mike (Rachel Weizs éblouissante) délaissée, Paul Dano en acteur qui se cherche, ou encore la jeune masseuse qui s'initie à la danse, sans oublier une désirable "Miss Univers". Tous ont des messages à communiquer et formulent des appels au secours mais ont aussi des choses à apprendre des deux compères facétieux.
A travers des trouvailles visuelles poétiques dont le réalisateur italien a seul le secret (comme le concert de cloches de vaches, ou encore l'entrée au bain de miss Univers sous le regard ébahi des 2 vieillards), Sorrentino filme le fantasme de la jeunesse, de la Beauté et de la Gloire éternelles.
Comme dans "La Grande Bellezza", les dialogues sont tantôt drôles tantôt cinglants: la scène où le personnage de Rachel Weizs vide son sac à son père en premier lieu, et surtout celle au cours de laquelle Harvey Keitel va échanger avec Jane Fonda trône parmi les plus marquantes.
L'action a beau être en huis clos, tout respire dans "Youth" et les sujets abordés deviennent universels. La scène finale qui sert également de générique est d'une beauté inouie et dégage une puissance émotionelle unique.
Malgré les sujets intimistes abordés, le film est drôle et positif. La dernière phrase d'Harvey Keitel résonne encore dans nos têtes: « Tu dis que les émotions sont surestimées, mais les émotions sont tout ce qu'on a ». De l'émotion, il y en a eu beaucoup à l'issue de la projection de "Youth" et le public du Grand Théatre Lumiere a très chaleuresuement accueilli le film, malgré certains mécontents.
Sorrentino travaille les mêmes thèmes dans ses films mais sa perfection et son style personnel s'améliorent encore. Nous ne serions pas étonnés de voir la Palme d'Or lui être attribuée pour "Youth".
Mountains May Depart (2015)
Un film de : Jia Zhang-Ke
Casting :
Zhao Tao, Zhang Yi, Liang Jingdong, Chang Sylvia, Dong Zijang
Durée : 2h00 |
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Ce film est divisé en trois parties, trois époques : passé (1999), présent (2014) et futur (2025). Jia Zhang-Ke utilise ce procédé pour raconter et décrire une Chine qui évolue et voit disparaître sa jeunesse vers des terres plus prometteuses. Le capitalisme galopant et l'espoir d'une vie meilleure sont les raisons majeures de cet exode.
Mais ce que voit Jia Zhang-Ke, c'est la perte d'identité des émigrants, l'oubli des valeurs et des coutumes ancestrales, la perte des racines. Il illustre son constat en racontant l'histoire d'une saga autour de trois personnages, sur 25 ans. Leurs choix, leurs illusions, leurs désirs sont les vecteurs de leurs métamorphoses individuelles mais surtout prétexte à une gigantesque parabole sur hier, aujourd'hui et demain pour la Chine.
D'une grande richesse et sincérité, cette œuvre mérite largement qu'on s'y attarde et peut-être une récompense...
Marguerite et Julien (2015)
Un film de : Valerie Donzelli
Casting :
Anaïs Demoustier, Jérémie Elkaïm, Frédéric Pierrot, Aurélia Petit, Raoul Fernandez, Catherine Mouchet, Bastien Bouillon, Sami Frey
Durée : 1h50 |
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Marguerite et Julien est le nouveau film de la pétillante Valerie Donzelli. Son Cinema pop, imparfait mais sincère nous a déjà offert du bon ("La guerre est déclarée") et du nettement moins bon ("Main dans la main").
La sélection du film en compétition officielle laissait présager du meilleur pour son nouveau film interprété par Jérémie Elkaim (hélas peu expressif) et Anais Demoustier (plus convaincante). D'autant plus que le scénario original de Jean Gruault était destiné à François Truffaut qui avait finalement refusé le projet dans les années 70 car la révolution sexuelle était trop à la mode. Hélas les amours incestueuses et interdites de Julien et Marguerite de Ravalet qui scandalisèrent la société au 17ieme siècle se sont transformés en un film expérimental assez bancal en 2015.
L'histoire du film s'inspire pourtant d'une histoire vraie. L'intérêt réside dans le fait que la réalisatrice souhaitait non pas faire un "film d'époque" mais un film "de l'époque". Ainsi Valerie Donzelli use d'effets d'anachronismes originaux (calèches, voitures chevaux et hélicoptères...) mais perd le spectateur en cours de route. Valerie Donzelli n'est pas Baz Lurhmann. Ses effets de style apportent pourtant au récit l'intemporelle que recherche la réalisatrice.
Après la déception du film de Maiwenn, c'est une nouvelle déception dans les films français avec celui de Valerie Donzelli.
Sicario (2015)
Un film de : Denis Villeneuve
Casting :
Emily Blunt, Benicio Del Toro, Josh Brolin, Victor Garber, Jon Bernthal, Daniel Kaluuya, Jeffrey Donovan, Raoul Trujillo
Durée : 2h01 |
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Quand fut annoncé en sélection le nouveau film du formidable réalisateur canadien auteur de Incendies, Prisoners et Enemy, le film s'est hissé en pôle position de la liste de nos attentes pour ce cru cannois.
Sicario est un thriller d'action psychologique autour du cartel de la drogue dont l'action se situe entre les Etats-Unis et le Mexique. Nous tenons à préciser qu'il n'y a aucune araignée dans le film et que sa complexité est d'un autre niveau que son précédent opus :-)
Bien que le spectacle soit au rendez-vous, que le scénario soit intelligent et la mise en scène très efficace, le rythme du film, très lent, ne contribue pas à générer assez d'empathie et d'émotions pour s'élever au dessus d'autres films au sujet similaire. On pense forcément à Traffic de Steven Soderbergh qui restera, nous pensons, en tête des meilleurs films traitant du cartel de la drogue.
En revanche, Benicio del Toro démontre encore une fois son incroyable prestance et son personnage marque les esprits notamment au cours d'une scène très violente.
En conclusion, Sicario est un film d'action de très bonne facture mais n'est pas le choc attendu de la compétition officielle de Cannes 2015. .
La loi du marché (2015)
Un film de : Stéphane Brizé
Casting :
Vincent Lindon, Yves Ory, Karine De Mirbeck, Matthieu Schaller,
Durée : 1h32 |
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La loi du Marché de Stéphane Brizé est un film social qui dresse une peinture effrayante du contexte professionnel actuel. Le personnage principal Thierry, habité par un Vincent Lindon exceptionnel va vivre des situations certes banales mais pour le moins déstabilisantes. Jusqu'où peut-il(on) tout accepter ?
En 90 minutes, le réalisateur enchaîne, dans un style proche du Cinema des frères Dardenne, des tableaux de situations que nous pourrions nous même vivre un jour ou connaître un proche ayant déjà vécu du semblable. Nous n'assistons pas içi au journal télévisé de France Télévision mais bien à un scénario très travaillé. La narration place Thierry/Vincent Lindon en témoin des maux de la vie moderne au cours de situations comme un entretien de recrutement sur Skype, un entretien chez pôle Emploi, une discussion stérile avec sa conseillère en banque qui cherche à remplir ses quotas de ventes en produits d'épargne...
Vincent Lindon incarne un français qui se bat pour garder un emploi et subvenir aux besoins de sa famille. Mais ce que la loi du Marché impose (et que Stéphane Brizé expose) est une déshumanisation stricte et une constante et omniprésente remise en question des valeurs morales dans chaque épisodes du quotidien. Alors comme le personnage de Vincent Lindon, on se pose aussi LA question : que faire?
Pas aussi fort que "2 jours, une nuit" présenté à Cannes l'an passé, qui créait un véritable suspense scénaristique. Mais cependant, il est difficile de ne pas être interpellé par le réalisme de ce film fulgurant. On sourit parfois. Mais d'un rire jaune...
par Olivier
le 20 mai 2015 à 01:13
2e vidéo de Cannes 2015, cette fois entièrement consacrée aux stars que nous avons croisées : Charlize Theron, Tom Hardy, Zoe Kravitz et George Miller pour "Mad Max : Fury Road", Matthew McConaughey, Naomi Watts et Gus Van Sant pour "The Sea Of Trees", Emily Blunt, Benicio Del Toro, Josh Brolin et Denis Villeneuve pour "Sicario", Salma Hayek, Vincent Cassel, John C. Reilly et Matteo Garone pour "Tale Of Tales", Rachel Weisz, Colin Farrel, Ben Whishaw et Léa Seydoux pour "The Lobster", Emma Stone et Woody Allen pour "Irrational Man", John Lasseter, Amy Poehler, Pierre Niney et Charlotte Le Bon pour "Vice Versa", Sara Forestier, Benoît Magimel et Emmanuelle Bercot pour "La tête haute", Michelle Rodriguez, Le Jury de Cannes 2015 dont Ethan et Joel Coen, Sophie Marceau, Jake Gyllenhaal, Guillermo Del Toro...
Le fils de Saul (2015)
Un film de : Lazlo Nemes
Casting :
Géza Röhrig, Molnar Levente, Urs Rechn, Todd Charmont, Sándor Zsótér, Marcin Czarnik, Jerzy Walczak, Uwe Lauer
Durée : 1h47 |
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Lazlo Nemes prend le parti de suivre son personnage principal de très près. La caméra n'est toujours qu'à une trentaine de centimètres autour de lui et ne le quitte jamais. Il est le centre de tout et par extension le spectateur aussi. Nous sommes donc témoins et acteurs du travail de Saul : nous voyons ce qu'il voit et ce qu'il fait. Par conséquent, l'environnement dans lequel il évolue n'est pas le centre d'interêt et c'est là que ça dérange. Autour de lui se succèdent toutes les étapes de la Shoah dans les camps de concentration, chambres à gaz, fours crématoires, enlèvement des cendres, tris des affaires. Toutes ces étapes ne sont évoquées qu'en arrière plan, mais jamais de manière très distincte, souvent suggérées et non montrées, aussi évoquées dans le cadre du travail à la chaîne du sonderkommando, rationalisé et industrialisé.
Il en résulte un sentiment très malsain car l'attention n'est pas portée sur les atrocités mais sur Saul, littéralement déshumanisé par son travail. Il ne trahit aucune émotion, et enchaîne les tâches comme une machine. Il s'accroche alors au désir fou d'offrir une sépulture à un enfant qu'il croit être son fils pour peut-être se prouver qu'il n'est pas encore mort. Il s'ensuit un chemin semé d'embûches où la volonté inébranlable de Saul le guide dans l'enfer même.
L'exercice de Lazlo Nemes est risqué et dénote assurément une prouesse d'inventivité et de réalisation (un prix ?). Néanmoins, il n'est pas aisé d'y adhérer complètement. A vous de voir.
The Sea Of Trees (2015)
Un film de : Gus Van Sant
Casting :
Matthew McConaughey, Ken Watanabe, Naomi Watts, Katie Aselton,
Durée : 1h50 |
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Ce film est une très grande déception pour nous et pour l'ensemble des festivaliers. Gus Van Sant s'embourbe dans le traitement de cette histoire qui tombe progressivement dans le mélo et la lourdeur. Certes, c'est beau, contemplatif, bien interpreté et quelques fois touchant. Mais le réalisateur erre dans cette forêt et surcharge son scenario au point de perdre à la fois sa crédibilité et le spectateur.
Promeneurs, allez vous balader ailleurs.
A perfect day (2015)
Un film de : Fernando León de Aranoa
Casting :
Benicio Del Toro, Tim Robbins, Olga Kurylenko, Mélanie Thierry, Fedja Stukan, Eldar Residovic, Sergi López
Durée : 1h45 |
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Comédie très rafraichissante sur un fond de guerre en Bosnie où se retrouve une pleiade d'acteurs dont les deux mastodontes Benicio Del Toro et Tim Robbins.
Malheureusement, le film oscille entre deux eaux et n'arrive pas à trouver la bonne direction. L'horreur de la guerre face à la comédie (légèreté des dialogues, situations absurdes, ...).
Dommage étant donné le potentiel comique de la distribution.
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